Les relations entre l’Afrique et l’Europe ont toujours été complexes mais depuis quelques années, deux crises majeures ont rajouté de nouvelles difficultés, la pandémie du COVID et la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Ester DUFLO, prix Nobel d’économie a déclaré récemment, « jusqu’au COVID nous étions dans une dynamique de réduction de la pauvreté » (Duflo, 2023) mais désormais cette dynamique a disparu. En Afrique, de nombreuses entreprises ont fermé leurs portes, parfois les enfants ne sont pas allés à l’école pendant deux ans, des campagnes sanitaires et des programmes d’inclusion des femmes ont été interrompus.

Le COVID est un véritable drame qui, à ce jour, a provoqué plus de sept millions de décès dans le monde. Partout, les populations les plus fragiles ont été les plus touchées mais dans les pays riches des mesures budgétaires exceptionnelles ont permis de leur venir en aide (« Quoi qu’il en coûte… »). Les pays pauvres n’ont consacré en moyenne que 2% de leur PIB (par ailleurs fort modeste) à les aider.

Par ailleurs pendant la période 2019/2021 l’aide au développement des pays riches vers les pays pauvres -notamment africains- s’est effondrée et elle n’a toujours pas retrouvé son niveau pre-COVID. A la crise du COVID s’est ajoutée la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui a entrainé des conséquences délétères, notamment les pénuries et les augmentations de prix sur l’énergie et les produits alimentaires.

Si la crise concernant l’énergie a surtout concerné l’Europe, la crise alimentaire frappe encore l’Afrique de plein fouet. En 2020, notre collègue, Soufyane Frimousse qualifiait l’Afrique de « terre des possibles où s’esquissent les figures du monde à venir » (Frimousse, 2020) dans un fleurs et les bouleversements politiques qui ont frappé plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest invitent à reposer à nouveaux frais la question des relations entre l’Europe et l’Afrique. La RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise) aujourd’hui devenue réalité a-t-elle un impact positif sur ces relations (Igalens, 2023).

Parmi les questions que la vingtième journée Humanisme & Gestion se propose d’étudier figurent notamment les suivantes :

• L’humanisme en tant que philosophie de l’action a des équivalents et des influences en Afrique (Michel, 2007). L’humanisme africain ne se limite pas à une seule interprétation ou à un seul contexte, car le continent africain est diversifié en termes de cultures, de langues et d’histoires. Dans la période de crises que nous connaissons sur quelles convergences des humanismespeut-on s’appuyer ?
• L’humanisme et la gestion peuvent être étroitement liés lorsque la gestion est axée sur la promotion de valeurs humanistes et de principes éthiques dans le cadre du développement socio-économique, est-ce le cas dans le cadre des
  relations entre l’Europe et l’Afrique ?
• Quels sont les outils de gestion et de gouvernance qui peuvent être mobilisés au service de l’humanisme dans le cadre des relations entre l’Europe et l’Afrique : coopération, joint-venture, gestion publique, audit social, comité de parties prenantes, etc.
• Quelle place et quel rôle pour la responsabilité sociale et sociétale dans le cadre des relations entre l’Europe et l’Afrique ?
• En 2024, quels sont les enjeux et les dangers à évoquer l’Afrique au lieu detraiter séparément chaque Etat Africain ?
• Comment bâtir ou consolider une communauté du savoir entre l’Europe et l’Afrique ?
• L’Euro-Méditerranée, en référence à la région géographique qui englobe les pays bordant la mer Méditerranée, à la fois en Europe et en Afrique du Nord, ainsi que certains pays du Moyen-Orient est-elle encore un projet, un espoir, une illusion ?
• Quelles ont été les conséquences du Breixit sur les relations entre l’Afrique et l’Europe (Jaïdi et Martin, 2018) ?
• Quelle part d’universalisme et quelle part de contingences dans l’enseignement de la gestion en Europe et en Afrique ?
• Quelles réactions de l’Europe face au défi chinois en Afrique (Lim, 2023) ?