Management et perversion

La dimension perverse du management

Atelier de recherche de l’Institut Psychanalyse et Management (IP&M) – en visioconférence

L’entreprise et les situations de travail exposent les individus à des « risques psychosociaux », parmi lesquels le risque consécutif de l’emprise aux relations humaines dites perverses. L’un des facteurs de risque est l’exigence de la valorisation de soi dans des environnements de rivalité. La notion de perversion ne caractérise cependant qu’un jugement.

La notion de perversion a d’abord été envisagée par Freud comme une déviance sexuelle, caractéristique d’une protestation virile selon Adler. Selon cette perspective, la perversion questionne le rapport au désir. Lacan établit un rapport à la castration de l’Autre et au manque de l’Autre. Sont questionnées les caractéristiques peu ou prou pathologiques des mécanismes de défense. Le pervers est un sujet qui se dérobe à lui-même et qui porte le symptôme sur l’objet. L’enfermement inconscient du sujet fournit une indication se référant à la structure psychique perverse, opposée à la structure névrotique (courante) et psychotique, ainsi qu’à celle des états-limites.

Au sein des organisations, la perversion est en première approximation caractérisée par des comportements dits pervers questionnant la problématique du narcissisme dès lors que celui-ci comporte des traits exacerbés, par exemple le « moi grandiose » qui donne à voir la projection d’un idéal du moi et d’un « ego » qui en exacerbent les exigences, affectent l’estime de soi,  ou a contrario sadique qui s’appliquent à faire mal dans ses relations avec autrui – soit que l’un ou l’autre peut engendrer des troubles narcissiques. La perversion induit des comportements toxiques. Pour établir ses relations, le pervers recherche et entretient des complicités dans ses relations humaines. Il scelle des contrats pervers qui affectent la qualité et l’efficacité du fonctionnement des organisations et de leur management.

C’est ce sujet, ainsi posé, que l’atelier propose d’aborder tant au fond, notamment dans un volet clinique, qu’au plan de ses implications managériales, d’une part, et de ses implications sociales et économiques, d’autre part. Consécutivement, le traitement du sujet invite à explorer les conditions de correction de ces situations auxquelles les directions managériales doivent être sensibilisées.

Le sujet sera traité autour d’une question de recherche centrale élargie au champ du management des organisations : Quel rôle et place le management joue-t-il à l’aune d’expériences managériales analysées par les travaux de recherche (chercheurs), mais également par les apports de professionnels (consultants) et d’experts (coachs, psychologues, psychanalystes…) ? Quelles relations entre histoires et Histoire ?

Quel(s) monde(s) le management produit-il et/ou promeut-il ? Sur quelles croyances ou valeurs repose-il ? Dans quels mouvements paradigmatiques, historiques et idéologiques s’inscrit-il ? Par quelles techniques le management se traduit-il ou se manifeste-t-il ? De quelles manières le management contribuerait-il à favoriser une société de perversion ordinaire ? Une société pathologique, pathogène et/ou délirante ? Dans quels délires le management contribuerait-il à nous faire entrer ? Avec quelles conséquences ou risques psychiques ? Par quels ressorts psychiques parvient-il à ces fins (à travers des injonctions paradoxales, le recours à une novlangue, l’enfermement objectif des individus dans des procédures… etc.) ? En tant que dispositif ou système social de perception du monde et des relations humaines, ainsi que d’orientation de l’action, que dire du management ? Dans les organisations privées, publiques, mais même bien au-delà dès lors qu’il convient de se situer dans le milieu intégral des relations humaines, comment la pratique et la diffusion du management se manifestent-elles ?

Que se passe-t-il ? Que pouvons-nous observer, entendre et en comprendre ? Quels éclairages la psychanalyse pourrait-elle apporter ?