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Article Newstank : Un étudiant sur cinq étudie les sciences de gestion en 2019-2020 (P-L. Dubois, Observatoire Fnege)

12 mai 2022

« En 2019-2020, un étudiant sur cinq (19,62 %) étudie la gestion et le management en discipline principale avec une légère croissance depuis le dernier Observatoire publié en 2015. Cette proportion ne considère que les étudiants en gestion et n’agrège pas les disciplines connexes, comme l’économie », indique Pierre-Louis Dubois, professeur émérite de l’Université de Montpellier et ancien délégué général de la Fnege (2008-2016), le 02/05/2022.

Pour News Tank, il revient sur les résultats de l’Observatoire des formations en gestion, dont il est l’auteur. Publié chaque année entre 1995 et 2015, cet observatoire est réédité par la Fnege en 2022.« De façon générale, on observe une croissance très sensible des effectifs des grandes écoles de management et une place toujours importante des études de gestion à l’université. »Sur les 2 725 300 étudiants à l’université et en grande école en 2019-2020, 534 775 sont inscrits dans un cursus gestion. Parmi eux :• 87 900 en licence gestion en 2019 et 44 016 en licence pluri éco-gestion ;• 43 834 en master gestion à l’université et 3 672 en master éco-gestion ;• 1 441 en doctorat de sciences de gestion ;• 199 225 élèves en grandes écoles de management (total des trois groupes d’écoles *), dont 151 377 dans une école reconnue par l’État, disposant au moins d’un diplôme visé.« À l’université, le taux d’encadrement en sciences de gestion est l’un des plus faibles si l’on compte le nombre de MCF et de professeurs. En 2019-2020, le taux dans les établissements publics (hors lycées et CPGE), est d’un enseignant pour 105,7 inscrits (incluant licences et masters pluri économie-gestion). Des chiffres largement en deçà de la plupart des autres disciplines (un enseignant pour 32,92 inscrits). »

« Réaliser un état des lieux périodique a du sens »

« Selon Jérôme Caby, délégué général de la Fnege, avec qui j’ai pu échanger à ce sujet, cet observatoire a été réédité pour trois raisons », indique Pierre-Louis Dubois :

  • « Mesurer le poids de la gestion dans l’enseignement supérieur et la recherche au niveau national et aussi vis-à-vis de gouvernances locales  ;
  • Produire un document rassemblant des données au sujet des IAE, des universités et des écoles dans une période où ils ont tendance à s’éloigner  ;
  • Produire un état des lieux sur le cœur de la mission de la Fnege. »

« Depuis la dernière édition de cet observatoire, on constate des évolutions. Cela a donc du sens de réaliser cet état des lieux avec une certaine périodicité. »

« Parmi les raisons qui justifient cette publication, on peut mettre en exergue  :

  • Certaines évolutions importantes au sein de l’enseignement de gestion : par exemple, les fusions qui ont pu avoir lieu entre grandes écoles, l’accès au grade de licence pour les grandes écoles, la création des BUT dans les IUT, etc.
  • La difficulté de compréhension de notre système d’enseignement supérieur de gestion par les différentes parties-prenantes. Cet Observatoire tente d’éclairer de nombreux aspects de ce paysage complexe.
  • Bien que les sciences de gestion représentent un poids considérable dans l’enseignement supérieur, on ignore souvent la place qu’elles occupent et leur diversité.
  • La forte présence d’enseignements en gestion au sein d’établissements dont ce n’est pas la vocation première, ce qui n’est pas sans conséquences, par exemple sur les recrutements et sur les taux d’encadrement.
  • La montée de l’apprentissage dans de très nombreuses formations, ce qui contribue à améliorer un niveau d’insertion professionnelle déjà très élevé. »

Quel est le panorama dressé par l’Observatoire ?

« Le système d’enseignement de la gestion et du management en France est très spécifique  : il est constitué d’institutions universitaires publiques et de grandes écoles et d’institutions privées, concurrentes mais aussi complémentaires. Ce maillage, issu de l’histoire de notre pays, surprend souvent nos partenaires internationaux. »

Le rapport détaille notamment les institutions dispensant un enseignement en sciences de gestion en tant que disciplines principale :

  • Les universités, via :
    • les UFR ou les départements en sciences de gestion ;
    • les IUT ;
    • les IAE
  • Les lycées, via les BTS ;
  • les grandes écoles de management, dont, selon la CEFDG :
    • 65 écoles disposant d’au moins une formation visée par le Mesri à la rentrée 2021 ;
    • 53 écoles reconnues par l’État mais ne délivrant aucun diplôme visé ;
    • 175 non reconnues par l’État.

« On s’aperçoit aussi que la gestion a fréquemment été l’une des disciplines pionnières dans la construction de liens avec l’étranger, notamment pour les échanges internationaux d’étudiants. Le système d’enseignement de la gestion est très internationalisé aujourd’hui, grâce à de pratiques diverses  : des campus à l’étranger, des années de césure prévues, des semestres d’échanges, etc.

Pour ce qui est des taux d’insertion des étudiants à l’issue de leur formation, répétons-le, celui-ci est excellent ! Les taux entre IAE et grandes écoles ne sont pas forcément comparables en fonction des critères sélectionnés, mais il n’y a pas de doute : à leur sortie des grandes écoles et des institutions universitaires en management, les jeunes s’insèrent remarquablement sur le marché du travail. »

Une croissance des effectifs étudiants dans les écoles comme à l’université

« Pour les grandes écoles, on constate notamment une croissance des effectifs dans les grandes écoles disposant d’au moins une formation visée par le Mesri. Dans les universités, les sciences de gestion occupent aussi une place considérable qui se maintient à un niveau élevé », indique l’auteur.

Nombre d’inscrits par type de formations en 2019-2020

Pour voir l’infographie dynamique, rendez-vous sur le site

Une nette progression des visas et grades

« De plus en plus d’écoles demandent l’autorisation à délivrer un diplôme visé par l’État. À la rentrée 2021, 143 formations pour 65 écoles ont été visées par le Mesri après avis de la CEFDG (respectivement 96 formations pour 51 écoles en 2014). En 2021, 67 formations ont obtenu le grade de Master et 17 le grade de licence. »

Les enseignants en gestion

Un faible taux d’encadrement à l’université

Concernant le faible taux d’encadrement, « la problématique vient vraisemblablement du nombre de postes d’enseignants ouverts. En gestion, le rapport professeurs / MCF est plus faible que dans les autres disciplines du Groupe 1 (droit, économie, gestion) ».

« Cela explique que de nombreux enseignants de gestion ont un véritable problème de charge, car ils sont peu nombreux pour accomplir l’ensemble des missions qui leur incombent : importante charge de cours, d’encadrement des diplômes, de direction des départements, de participation aux conseils, tout en gardant le temps nécessaire pour la recherche ! »

Grandes écoles : une tendance à recruter des enseignants étrangers

Du côté des grandes écoles, « on note une tendance à recruter de plus en plus d’enseignants à l’étranger, titulaires de PhD. Recruter à l’étranger est un signe d’ouverture, mais dans le temps et de manière générale, il me semble important de se poser la question de l’équilibre entre les recrutements de docteurs formés en France et les titulaires de PhD obtenus à l’étranger.

Il semble que les docteurs en gestion se dirigent d’ailleurs vers les écoles comme vers les universités et on observe parfois des allers-retours : cela dépend de leur choix de carrière . »

« Il y a un réel besoin de doctorants »

« Il y a un réel besoin de docteurs et d’encadrants en sciences de gestion. Le doctorat est un investissement qui demande du temps et beaucoup d’efforts… », poursuit Pierre-Louis Dubois.

« Il y a une véritable demande mais les études sont longues et l’entrée dans la carrière est parfois synonyme de course d’obstacles. En outre, les étudiants en gestion s’insèrent bien dans le monde professionnel, ce qui peut orienter des étudiants ayant pourtant un goût pour la recherche, vers l’entreprise ! »

Selon l’auteur, il faut :

  • « peut-être mieux faire connaître le métier d’enseignant en sciences de gestion et ses nombreux atouts tels que la liberté académique, l’internationalisation de la discipline, l’intérêt de la recherche, etc.
  • revoir la rémunération, qui est un problème à l’université. La rémunération s’appuie sur des grilles nationales qui ne sont pas assez attractives. Notamment parce que les enseignants ont d’autres possibilités pour leur carrière, en rejoignant une école ou une entreprise. »

« Avec les évolutions engendrées récemment par la LPR, je pense que notre rôle est aussi de rassurer. Il faut suffisamment de postes ouverts et suffisamment de diversité dans les voies d’accès. Cela permet d’attirer des talents. Un autre levier pourrait être de mettre en place davantage de programmes dédiés aux post-doc. »

Les inscrits et les thèses de doctorat

En 2020, 1 441 étudiants étaient inscrits en doctorat en sciences de gestion, un chiffre « en diminution depuis 2007 », selon le rapport, citant les statistiques du Mesri.

Le tableau ci-dessous détaille le nombre d’inscrit en doctorat dans les disciplines « droit, économie, gestion » (groupe 1 et groupe 2) :

Nombre d’inscrits en doctorat (droit, économie, gestion)

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Selon l’Observatoire des thèses en sciences de gestion publié par la Fnege, 298 thèses ont été soutenues en 2020, contre 363 en 2010.

Nombre de thèses soutenues en sciences de gestion entre 2010 et 2020

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Entre concurrence et complémentarité des diplômes

« Il peut y avoir une forme de concurrence au sujet du choix des étudiants entre des propositions de diplômes variées dans les grandes écoles et dans les universités », déclare Pierre-Louis Dubois.

« Je crois néanmoins que la concurrence peut avoir des aspects positifs. Finalement elle offre un large choix favorable aux étudiants. Dans les cycles masters en particulier, il y a de très nombreuses spécialités proposées débouchant sur une large palette de diplômes qui mènent à l’emploi.

Il y a aussi de fortes complémentarités entre les enseignants en sciences de gestion, qu’ils soient dans des écoles ou à l’université. Il existe en effet plus de 20 associations scientifiques en France pour cette discipline, ce qui est remarquable. Cela permet de très nombreuses rencontres, projets et synergies entre les enseignants des grandes écoles et des universités, françaises et étrangères. »

Pierre-Louis Dubois

Professeur émérite @ Université de MontpellierPrésident du Jury @ Insead (Institut européen d’administration des affaires de Fontainebleau)Président du conseil scientifique de l’Inseec @ Omnes Éducation (ex Inseec U)

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